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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 13:09

Nous ne vieillirons pas ensemble!

L’un de mes grands problèmes d’éthique actuel est que je ne supporte pas l’idée de partager le temps du vieillissement avec mon épouse.

 

Nous nous sommes mariés parce que nous étions jeunes et qu’au hasard d’une rencontre, une attirance réciproque nous a entraînés sur ce chemin, jusqu’à l’union. Nous l’avons vécue, partagée, développée, traversant ensemble bien des épreuves de la vie. Nous avons fondé une famille, assumé notre devoir parental jusqu’à ce que nos enfants volent de leurs propres ailes, à leur tour !

 

Bientôt, nous allons nous retrouver deux, triste et amère constatation du temps qui s’écoule et de notre inéluctable condition humaine. Nous n’avons plus rien à nous apprendre et nous savons presque tout de l’autre, aussi bien sur ses défauts que sur ses qualités. Ce temps nouveau est celui où les projets d’avenir s’effacent devant la lecture des événements, heureux ou malheureux, du passé.

 

Présence envahissante

 

Je ne peux me résoudre un instant à cette sombre perspective que celle d’un visage ridé qui n’a en face de lui que l’image d’une fleur fanée ! Il faut avoir la force de couper avant ; c’est la raison qui nous le dicte. C’est là, maintenant, que doit se situer la fin de l’union matrimoniale, au risque de devoir souffrir davantage plus tard avec la progression du temps et l’évolution du corps. Et puis, il y a le risque de perdre son conjoint, et donc d’une souffrance bien plus grande. Cela peut être évité en se « dessoudant » des liens forts qui unissent encore deux êtres accoutumés à vivre dans un même espace et avec une présence encore plus envahissante l’un à l’autre, car croissante, tandis que l’activité, elle, décroît avec l’âge ! Réaliser cette rupture avant que cela ne  devienne plus possible sentimentalement.

 

L’homme et la femme ne sont pas programmés pour partir ensemble, hélas ! Ces cas là de figure restent une minorité. Il est donc préférable d’organiser cette séparation de son vivant.

(Et non pas attendre sagement la mort comme la bible le préconise). Ce que Dieu a uni, l’homme ne saurait le dissoudre, parole d’évangile certes, mais ce n’est pas Dieu qui supporte une épouse, mais bien l’homme. Porter un jugement de ce type ne tient pas la route car il dépend de la volonté de deux personnes et non pas uniquement de soi. Et si Dieu veut avant tout le bonheur de l’homme, il ne veut pas le lui imposer par la contrainte, malgré lui, en l’obligeant presque à rester enfermé dans son malheur de vie de couple, âgé et dégénérescent.

 

Vieux, hommes et femmes se supportent de moins en moins (beaucoup feignent à ce sujet)…et puis quel intérêt pour chacun que de partager encore et encore une vie faite de conjugalité et de lassitude réciproques ? Vient un moment où la solitude s’affirme comme un plus grand bien. Cela se découvre peu à peu et ce temps libre retrouvé peut enfin être dédié entièrement pour la méditation pure, l’écriture (rédiger ses mémoires par-exemple), cultiver de nouveau une passion enfouie pour contraintes de vie commune ou familiales.

 

Finie la contrainte du temps, de la montre, des rythmes de la journée, des repas réguliers, des visites de la famille, des anniversaires ou fêtes, des compromis difficiles, et de ce dialogue perpétuel qui est parfois lassant. Il y a un risque que l’autre occupe une place encore plus grande dans le quotidien qui va de pair avec la cessation d’activité professionnelle.

 

On a alors tendance à devenir plaignant (car on se plaint toujours plus en face d’autrui que face à soi-même). Passé le temps de la famille, c’est chacun de son côté que l’on trouvera sa plénitude, car l’on entrera dans une phase plus profonde de réflexion.

 

A deux, l’on aura plus tendance à continuer de se concentrer sur les petits soucis de la vie quotidienne et domestique et à demeurer dans le giron des petits actes pratiques. Seul, si bien portant, l’on va s’ouvrir davantage aux autres et au monde. On peut aller et venir libre de tous mouvements de jour comme de nuit, car on ne traîne ni on ne gène plus personne derrière soi.

Le couple à cet âge de la retraite n’a plus aucune raison d’être. Vouloir le faire perdurer, c’est ne pas vouloir rendre leur liberté à des humains qui ont accompli leur mission de parents.

C’est ne pas admettre la responsabilité d’adultes matures qui choisissent librement de se désengager, de se désunir, pour leur épanouissement personnel, pour des raisons que eux seuls connaissent mieux que la société ou que l’église, car c’est eux qui ont vécu cette aventure. Toutes les aventures connaissent une fin, un dénouement. L’église, avec son mariage sacré, voudrait que toutes les aventures de couple connaissent le même dénouement. Dieu n’impose pas ce dénouement commun puisque même nos morts connaissent des conditions différentes.

 

Pour des mœurs plus modernes et en phase avec l’homme

 

La voie de la rupture ou de la séparation est celle de la sagesse, en particulier lorsqu’elle se nourrit du désir d’oublier sa condition ; l’autre n’en est plus alors un reflet permanent.

 

Le fléau dans l’idéologie chrétienne ou civile du pacte matrimonial vient uniquement de l’annonce de son indissolubilité et de sa perpétuité à vie. Comment ne pas rapprocher cela de l’état d’esprit de ce prisonnier qui vient de se voir, après un jugement, condamné à une telle peine ?

 

Non, l’âge et le mariage ne font décidemment pas bon ménage. Libérez-vous de ce mode de raisonnement et vivez plutôt au 21ème siècle, plus en phase avec la société et l’évolution des moeurs.

 

Christian

Livre de la rupture

Avril 2008

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